L’envie de créer ma marque est totalement lié à mon parcours et à mon histoire personnelle. J’a ressenti comme un besoin vital de revenir à un travail manuel, d’exercer la matière.
Enfant déjà, je créais des bijoux, avec les trésors divers et variés que je trouvais dans la maison.
C’est aussi une histoire familiale, celle de mon arrière grand-père Emile, artisan joaillier au Mans, et dont quelques outils, boîtes et pièces de joaillerie étaient conservés soigneusement dans la famille. J’ai toujours vécu au milieu de ces pièces, d’une valeur sentimentale inestimable.
Le nom de la marque s’est imposée comme une évidence : en associant mon prénom à celui de mon arrière grand-père, avec comme point d’ancrage l’artisanat et la transmission.
Mes parents étaient passionnés de mobilier et d’arts décoratifs, et fort de cela, j’ai suivi une prépa pour l’école Boule. J’avais dans l’optique de travailler dans le design mobilier.
Mais la quête de mes racines m’a emmené sur un tout autre parcours. J’avais besoin d’aller à la rencontre de l’autre dans sa diversité, dans ses savoir-faire, et pour cela, j’ai entrepris une thèse d’ethnologie en Inde sur les populations sans écriture. Et de la rencontre avec les cultures, s’est renforcé mon goût pour l’artisanat et en particulier le bijou, élément de parure qui nous dit quelque chose de celui qui le porte.
A l’issue de mes études, j’ai travaillé dans des musées, en tant que responsable de la médiation auprès du jeune public, toujours désireuse d’aller à la rencontre des autres.
Emile et Marie est donc une reconversion professionnelle que j’ai effectué après une formation en arts et techniques de bijouterie à l’Atelier Conservatoire des meilleurs ouvriers de France de St Etienne.
On pourrait même dire, la céramique dans le bijou !
En fait, je me suis mise à la céramique assez tardivement, avant tout pour le loisir.
Et quand j’ai commencé à travailler les métaux, je peux dire que cela a fait “tilt” dans mon esprit ! Avec comme point de départ, le plaisir charnel d’exercer la matière, et enfin associer la matière maléable de la céramique à la dureté du métal. La première durcit après cuisson à près de 1000°, alors que l’on redonne de la souplesse, via le “recuit” à la seconde.
Travailler ces 2 matériaux avec leurs contraintes spécifiques est une vraie source de plaisir.
Ce que j’aime aussi dans cette association, c’est de mixer des textures : le froid du métal et la douceur de l’émail, le biscuit de la porcelaine au touché proche d’un cuir épais …. je suis très sensible au ressenti de la matière en contact avec la peau.
J’aime aussi travailler les textures sur le métal : y imprimer des motifs en creux ou en relief.
Aujourd’hui, mon travail se décline également dans la déco, avec des bijoux de murs et suspensions.
Je crois pouvoir dire que j’aime l’épure, l’économie des formes. Mon travail est assez instinctif, et m’amène à des pièces à la fois minimalistes et graphiques, qui valorisent les lignes, les courbes.
Et plus ça va, plus mes collections deviennent aériennes et épurées.
Ma première source d’inspiration, c’est l’architecture. Pas uniquement celle des grands architectes, mais celle observée lors de mes balades urbaines. Savoir ouvrir son regard sur ce qui nous entoure, observer les lignes, les formes, les détails d’un immeuble, d’une porte.
La peinture et les arts graphiques sont aussi une source d’inspiration. Je me sens nourrie, enrichie par les arts visuels.
Une lecture, un personnage une ambiance, peuvent aussi être source de création, de même que les histoires, celles que l’on raconte compte beaucoup dans ma vie.
Un regard très enjoué ! De plus en plus de personnes se tournent vers une démarche artisanale, un besoin vital d’exprimer une créativité et de la partager comme si il y avait un besoin de contrebalancer une ère très industrielle. Acheter un produit artisanal, c’est acheté une histoire.
Suivre ses envies, sa nature, conserver sa sensibilité propre, ne pas rentrer dans un moule. Dès lors que l’on est sincère dans sa démarche, c’est toujours payant.
Enfin, il ne faut pas hésiter à échanger avec ses pairs, pour avoir un autre regard, favoriser l’émulation, découvrir d’autres pratiques pour mieux se repencher sur la sienne.
La transmission, le partage sont pour moi l’essence de l’artisanat.