Soliza

Soliza Sonia Oudry Céramiste

–          Où puisez-vous votre inspiration ?

Je dirai que mon inspiration est inconsciente. Elle fait partie de mon bagage personnel, de tout ce dont je me suis nourrie enfant lors des visites de musées. J’ai une attirance particulière pour l’Art nouveau, mais ce n’est pas pour autant le fil rouge de ma gamme.

J’ai une démarche empirique. Je réalise les motifs directement sur la pièce. C’est seulement ensuite que je passe au dessin théorique pour voir les optimisations envisageables. Cette approche permet d’avoir une vision directe du rendu.

C’est contraire à ce que j’ai appris au cours de mes études, mais cette démarche me convient mieux, et je préfère le contact direct avec la terre et voir naître au fur et à mesure le décor.

Ainsi, mes collections se construisent petit à petit, avec des pièces en petites séries, à la fois en terme de couleur et motif.

Soliza Sonia Oudry Céramiste

Singularité et douceur

 

–    Vos créations sont très singulières. Qu’est-ce qui caractérise votre travail ?

Je dirai qu’il y a une certaine légèreté, une douceur certainement donnée par les motifs et les couleurs. On me dit souvent qu’il y a un côté poétique.

Ce que j’aime aussi, c’est le côté asymétrique et irrégulier des pièces. Même si je travaille au moule, la porcelaine reste une terre vivante. La moindre pression exercée à la sortie du four, fait subir une légère déformation. Par ailleurs, le motif étant fait à la main, il n’est jamais parfaitement identique.

 

– Justement vous utilisez la technique du « sgrafito ». Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi cela consiste ?

Je travaille à partir de moule en plâtre que je fabrique moi-même. Je remplis ensuite le moule d’engobe (la couleur, fait à base de pigments naturels) puis la terre de porcelaine, jusqu’à ras bord. Lorsque j’ai l’épaisseur souhaitée, je vide le moule et le laisser égoutter. Ensuite, je retourne le moule et j’attends que la terre se rétracte pour sortir la pièce du moule. A ce stade, il est important que la matière soit ni molle ni sèche car je vais ensuite travailler le motif en gravant la partie colorée. 

Enfin, comme pour toute pièce de céramique, je ponce, puis procède à la première cuisson appelé « biscuit » ( 980°C). Par la suite, je vais émailler les pièces uniquement à l’intérieur. Viens alors une deuxième cuisson en haute température. (1280°C).

 

Partage et reconnaissance 

 

Quelle est votre plus grande satisfaction en tant que céramiste ?

Avant tout, le partage. Partage des connaissances avec mes confrères. Partage avec les personnes qui achètent mes pièces lors des marchés. Il y a une vraie curiosité et un intérêt grandissant du public sur le travail artisanal : ils aiment comprendre comment cela a été fait. C’est aussi une forme de reconnaissance du travail accompli et c’est une grande satisfaction pour moi.

 

 

–          Quel regard portez-vous sur la création artisanale aujourd’hui ?

Elle est de plus en plus valorisée, au travers des boutiques, des marchés de créateurs et le regain d’intérêt des consommateurs d’acheter des objets uniques.

Je note aussi qu’il y a de plus en plus de regroupements de créateurs, ce qui facilite le partage de connaissances, de visibilité et aboutit parfois à des collaborations. L’artisanat aujourd’hui est plus expressif, facilité sans doute par les réseaux sociaux.

–          Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui se lancent dans ce métier ?

Etre vraiment passionné, ne rien lâcher mais savoir aussi prendre du temps pour soi. C’est important pour la créativité et pour durer.